« My little demonic angel »

CHERRYLIPS&STEPHENIE7777
Natasia & Asher
Dans la crypte d'Asher, au coucher du soleil.

Le ciel rougissait à l’horizon. Lentement, le soleil se couchait et laissait place à son ennemie. La Lune, notre mère. La protectrice des êtres rejetés du monde des vivants. L’ersatz d’un astre aux rayons mortifères.
Rentre ! C'est le moment où la lune réveille,
Le vampire blafard sur sa couche vermeille.
Petit à petit, les tombeaux et les cercueils s’ouvraient à Shadly Hollow. Les morts aux dents longues, assoiffés de sang et de luxure, s’apprêtaient à partir en chasse. Une chasse diablement facilitée. Les humains ne nous fuyaient plus…au contraire, ils offraient leurs cous fragiles et graciles à nos crocs meurtriers. Quel ennui !

Une main blafarde se glissa hors d’un cercueil de bois noir, et ses doigts filiformes en étranglèrent le couvercle. Le plus délicatement du monde, la boîte de Pandore s’ouvrit et libéra le monstre terré en son sein. Moi.
Je me redressai et plaquai ma main gauche sur mon front. Les cheveux en bataille, le visage creusé et le teint très pâle, je ressemblais à un zombie au sortir de la tombe. Réflexion faite, j’étais un zombie au sortir de la tombe. Un zombie un peu plus esthétique, cela-dit.
Papillonnant des paupières, je recouvrai mes esprits et jetai un œil autour de moi. Soudain, un sourire niais étira mes lèvres.

« Je ne te savais pas aussi ponctuelle… » Dis-je d’un ton mi-endormi, mi-amusé.
Lovée au creux du canapé, les bras et les jambes croisées, elle n’avait de cesse de m’observer. Ses vêtements, à la fois chics et sexys, lui allaient à merveille. Elle me rappelait les courtisanes de mon époque, toujours prêtes à sortir le grand jeu et à vanter l’éclat de leur corps. Natasia avait largement de quoi se vanter. A mes yeux, elle reprenait tous les critères associés aux canons de beauté. Elle était –et elle resterait, la femme parfaite.
« Mmh. » Un éclat de perversion illumina mes prunelles. « Tu me donnes des envies…pas très catholiques, et pas très chastes non plus. » Je gloussai et sortis de mon cercueil. A pas de loup, je m’approchai de ma belle et me penchai vers elle. « Je rêvais de toi. » Soufflai-je. « Et ce rêve ne s’est pas terminé…j’en suis heureux. » Je lui volai un baiser et lui caressai la joue. « Attends-moi un instant. Je me change et je serais tout à toi. »

Je me séparai d’elle et assaillis une sorte de penderie victorienne. J’en sortis une pile de vêtements et traversai la « pièce » en direction de ma…salle de bain archaïque. Une petite rivière traversait la forêt et infiltrait ma crypte. L’eau était fraîche et pure…alors pourquoi ne pas en profiter ? De plus, je me verrais mal installer un spa au fond d’un tombeau.
Je fermai la petite porte de bois et fusillai le cours d’eau du regard. Je déteste l’eau. Elle m’effraie et me tétanise. Depuis ma petite douche d’eau bénite (ou d’acide, comme vous voudrez.) je prends mes précautions.
Je me déshabillai, inspirai profondément et me jetai à l’eau –au sens propre. Un quart d’heure plus tard, mon supplice s’acheva. Je me séchai et enfilai mes vêtements. Un coup de peigne, et me voila présentable. Je souris à mon reflet, admirai le mystique de mon regard félidé, et rejoignis Natasia.

« Alors, comment tu me trouves ? » Lâchai-je en écartant les mains. J’avais revêtu un smoking de la vieille époque, particulièrement seyant et très chic. « Je n’ai plus porté de queue de pie depuis… » Je fis mine de réfléchir. « Trois siècles. » Haussant les épaules, je me rapprochai de Natasia et lui tendis une main gantée. « Viens, mon petit ange démoniaque… » Je souris. « Une limousine nous attend à l’entrée du cimetière. » D’un geste, je l’aidai à se lever et l’attirai contre moi. « A toi de choisir où nous dînerons. » Je l’embrassai tendrement et soufflai. « Même si tu es mon met favori. »

« Ce qui explique pourquoi j'ai l'impression d'avoir fait un bond dans le temps…Chez qui allons-nous dîner ? La reine Elizabeth ? Première, cela s'entend…Ah-ah ! » Sa petite taquinerie m’arracha un sourire hautain. Je me redressai, arquai les sourcils et la toisai de toute ma hauteur. « Médisante et mauvaise langue, en plus de ça ! Ah, tu me le paieras. » Je lui aurais volontiers collé l’addition sous le nez, hélas madame faisait preuve de réticence. Diable ! « Continue comme ça et je me fais du Asher à la broche ce soir… » Lâcha-t-elle en montrant les crocs –au sens figuré bien sûr. Je fis mine d’être effrayé et papillonnai des paupières. « Oh, j’ai peur ! » Je la lâchai et me couvris la bouche, l’air passablement terrorisé. « Le grand méchant loup va me croquer tout cru ! » Un gloussement m’échappa. Le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de malice, j’indiquai la sortie de mon tombeau et invitai ma douce à l’emprunter. « Il attendra le dessert, je suppose. » Cette réplique, lourde de sous-entendus, accompagnait l’un de mes sourires les plus typiques. La soirée risquait fort de se terminer sous la couette, foi de Blackstone !

Natasia sortit la première. Même si je la suivais de très près et fermais la marche, elle ne se priva pas de m’asticoter. « Eh beh papy, ça s'arrange pas les rhumatismes… » Je grognai et lâchai ; « J’ai six siècles, je te rappelle ! Ah, les jeunes… » Achevant ma phrase, je disparus et réapparus face à la louve, les bras croisés et le sourire aux lèvres. « …toujours à la ramener. » Je lui offris mon bras et la conduisis jusqu’à la limousine. En parfait gentleman, je lui ouvris la porte, la laissai s’installer et la rejoignis. Une bouteille de champagne nous attendait, soigneusement déposée dans un bain de glace. Je l’ouvris et en remplis une flûte. « Du champagne, ma douce ? » Suggérai-je à Natasia. Elle accepta volontiers et brisa mon espoir de la saouler et de profiter d’elle. Quel dommage !
La vitre noire censée nous séparer du chauffeur s’abaissa. Je coulai un regard oblique à ma cavalière et la priai d’indiquer notre destination. « Chez Alejandro. » Dit-elle. Le chauffeur hocha la tête, remonta la vitre, et démarra.

Je me servis un verre de champagne et tournai la tête vers Natasia. « Chez Alejandro ? N’est-ce pas un restaurant italien ? Ah ! Je n’ai jamais mangé italien. A l’époque où la mort me menaçait encore, je me contentais de… » Mes lèvres se pincèrent et mes yeux se plissèrent. Mieux valait ne pas raviver les anciennes douleurs. « Oh ! Oublie ! D’autres idées me viennent en tête… » Immédiatement, ma main glissa le long de la banquette et rejoignit la cuisse de ma douce. Cette dernière se hâta de se lover contre moi, et de murmurer ; « Sage ce soir, si tu veux pouvoir enlever ma robe… » Ses magnifiques prunelles scrutaient les miennes, comme si elles cherchaient à en déceler le moindre mystère. Mon hypnotisme ne fonctionnait plus, aussi la louve en profitait-elle. « Dans le cas contraire, je te jure que tu feras ceinture mon petit vampire et ça risque de ne pas être agréable pour toi… » Je couinai, tel un chiot victime d’un coup de pied, et lui présentai ma plus belle imitation du chat potté. « Tu me ferais ça ? Quel bourreau tu fais ! » Elle s’exila à l’autre bout de la banquette et me toisa. « Rrrr. » Ronronnai-je en levant la main et griffant dans le vide. « Tu m’excites. » Susurrai-je doucement, avant de boire une gorgée de champagne.

Nous arrivâmes à Londres. La lumière jaunâtre des lampes à sodium filtrait à travers les vitres teintées de la limousine. Elles se reflétaient sur ma peau et soulignaient à merveille sa blancheur cadavérique. J’avais besoin de me nourrir, et vite. Natasia m’offrirait-elle une coupe de son sang, en guise d’apéritif ? Je m’approchai doucement d’elle et roucoulai à son oreille. « Me ferais-tu l’honneur de goûter à ton sang ? » Le plus tendrement du monde, je léchai le lobe de son oreille. Un bruit de gorge absolument inhumain m’échappa et trahit la présence de ma bête. Cette chose tapie au fond de moi, assoiffée de sang et de péchés en tous genres. « Je te rendrai la pareille…ma douce… »

Spoiler:

La limousine était plongée dans la pénombre. Aucun plafonnier, pas le moindre éclat de lumière à travers les vitres teintées sur lesquelles, je le savais, se reflétaient les enseignes lumineuses de Picadilly Circus. Le cuir du siège effleurait ma peau à travers mes bas alors que je flirtais dangereusement avec mon vampire affamé. Plus nourris depuis hier soir, je savais que son self-control risquait de ne pas tenir la distance et je ne voulais surtout pas le voir se jeter sur moi, ce serait trop simple et je n'en retirerais aucune satisfaction. Le but du jeu était, après tout, de le faire craquer dans les règles de l'art. Je n'avais clairement pas besoin de partir avec un quelconque avantage.

« Tu me ferais ça ? Quel bourreau tu fais ! » Asher ne s'imaginait peut-être même pas à quel point il était proche de la vérité. Un bourreau…Un boucher, une folle, j'étais des tas de choses et pas des moindres. Ce qu'il y a de bien dans le fait de sortir avec un vampire c'est qu'en général, rien ne peut les choquer puisque les vampires aux âmes sensibles ne font jamais long feu. Asher n'était pas un monstre mais, par instant, pouvait le devenir. Au fond, nous étions tellement bien assortis…« Rrrr. » Je levais les yeux au ciel avec un petit sourire. Monsieur jouait le chat, à présent? « Tu m’excites. » Il ne m'apprenait rien. L'habitacle était empli d'une entêtante odeur de sexe, d'un désir électrique si puissant que je le sentais caresser ma peau, tentation suprême…
Non! Trop facile, la facilité…

Nous filions dans Londres, coupés du monde, coupés du temps. Nous étions juste lui et moi dans cette limousine en route vers une destination qui m'était sortie de la tête, je dois bien l'avouer. « Me ferais-tu l’honneur de goûter à ton sang ? » Il s'était beaucoup trop approché. Je ne dis rien, j'empêchais mon corps de se raidir, mais je ne lui rendais pas ses gestes sensuels. Son grognement avait mis, malgré moi, mes sens de louve en alerte et, d'un coup, je ne me sentais plus en sécurité. Je n'avais pas peur, mais j'étais heureuse d'être armée… « Je te rendrai la pareille…ma douce… » Je n'en doutais pas une seconde. J'étais une « louve/vampire » si l'on peut dire puisque j'adorais le sang. Pas seulement dans le cadre d'une chasse, mais en toutes autres circonstances. Bien sur, de nature, le sang excite notre bête mais jamais à mon point. Je suis dangereuse. On a du mal à le croire lorsque l'on me voit, jeune femme approchant la trentaine avec pourtant l'apparence d'une gamine de dix-neuf ans et encore.
Et pourtant.

J'inspirais un coup plus profondément. Mon sang circulait dans mon corps, j'en pris conscience, très lentement, les yeux fermés. J'étais là, j'étais vivante, j'avais du pouvoir et je pouvais me défendre contre Asher si cela dégénérait. Je préférais que cela dégénère dans la voiture qu'en public. Non seulement ça ruinerait son image, ce serait mauvais pour celle de toutes les Cess mais, en prime, il risquait gros. C'était mon devoir de Gardienne d'empêcher ça en ne répandant qu'un seul sang: Le mien.
Je relevais ma jambe comme si j'allais changer de croisement mais, au lieu de cela, je la glissais sur le cuir des sièges, le laissant entr'apercevoir mes dessous. Le tissu remonta jusqu'à la limite de la dentelle de mon bas que je fis légèrement glisser. Je souris, en sentant son regard brûler ma peau par son désir. J'effleurais mon artère fémorale et portais mon index à mes lèvres comme si j'avais récolté du sang. Je le suçotais doucement.

« Sers-toi…Raisonnablement. » Assurément, le cou aurait été plus simple, je n'avais qu'à pencher la tête…Plus simple, plus stéréotypé, plus rapide…Mais je n'avais aucune envie d'arriver dans un restaurant chic avec une énorme morsure. Cela tiendrait du suçon et je trouvais un tel comportement assez…Malpoli. J'adorais les morsures, je les approuvais et on pouvait même les exhiber dans certains lieux. Mais pas où nous nous rendions. Personne en dehors de lui ne verrait l'intérieur de mes cuisses ce soir, de toute façon. Il s'approcha, je vis ses canines luire dans la nuit. Ou peut-être étais-je trop obsédée par elles et que je m'imaginais des choses. Sa langue caressa ma peau, appelant la veine à elle. Je sentis mon sang affluer à cet endroit juste au moment où ses dents percèrent ma chair, m'arrachant un gémissement. Ce n'était pas de douleur. Ce n'était jamais de douleurs…Il était compliqué pour moi d'avoir vraiment mal sans ressentir une forme de plaisir, c'était une fois de plus le cas ici. Les ongles de ma main gauche s'enfonçaient convulsivement dans le cuir. Ma main droite caressait ses cheveux. Les yeux fermés, je le laissais me boire, me dévorer, lier nos esprits et nos cœurs un peu plus fort. Pour une fois, il cessa de lui-même et je sentis presque sa main remonter avant qu'il ne fasse le geste, comme si nos esprits étaient connectés et que ses idées étaient miennes. Je lui pris le poignet pour l'en empêcher et, d'un geste souple, remis ma jambe correctement. Je pris un mouchoir dans mon sac et essuyais la dernière goutte de sang. C'était déjà refermé, mais je garderais une trace pendant de longues heures.

La voiture ralentit progressivement. Nous arrivions…
Devant chez Alejandro, c'est toujours la folie. Mais ce soir, c'était pi que tout! On voyait beaucoup de photographes et de journalistes, tous la pour Asher, évidemment. Moi, je n'étais rien hormis sa « petite amie » et sincèrement, c'était tant mieux! Je n'aimais pas cette publicité, ça pourrait griller de futures couvertures…Il me prit le bras et nous sortîmes de la limousine. Soit c'était naturel, soit il avait développé le talent d'ignorer royalement tout le monde en distribuant des sourires charmeurs. « Ils sont lourds. Si j'en tue un c'est grave? » marmonnais-je juste assez bas pour être entendue uniquement de mon compagnon. Heureusement, de l'extérieur, on ne voyait pas l'intérieur du restaurant –ce qui était l'une des raisons de ce choix. Ils se décourageraient vite en ne nous voyant pas ressortir…Parce que croyez moi, on ne ressortirait pas par la grande porte! Alejandro en personne vint accueillir Asher. J'aurais pu dire nous accueillir mais il venait surtout pour le maître de la ville, même s'il me salua poliment. Ce type ressemblait au stéréotype du cuisinier italien un peu bedonnant et avec une petite moustache. J'en aurais presque ris mais je me retins. L'un des serveurs nous conduisit à notre table et on nous donna des menus. Enfin, on m'en donna un à moi, en évitant de froisser l'ego du maître en lui mettant sous le nez des plats qu'il ne dégusterait pas. Charmante attention non?

Si bien que, étant seule à avoir un menu, Asher se rapprocha de ma chaise pour regarder la carte avec moi et choisir ce qui lui ferait plaisir. Il goûtait les aliments à travers moi et je sentais la bagarre venir. « Je te préviens, si tu veux une entrée tu n'auras pas de dessert! Je n'ai qu'un seul estomac je te rappelle, espèce de goinfre d'outre-tombe! » C'était bien de le lui rappeler, parfois, il avait tendance à l'oublier. A mon avis dans sa tête, je pouvais avaler autant que mon propre poids. J'ai la gueule d'une fourmis? « Tcht! Pas de mais! Oui parce que celui-là aussi, je le sentais venir…« Par contre je suis gentille, tu as le choix du vin…
Mon grand cœur me perdra!

Un parfum électrique et sauvage exhalait de la jugulaire de Natasia. Je me léchais les babines à l’idée de goûter à son sang, nectar si délicieux et si précieux à mes yeux. D’un geste sensuel, mes doigts s’égarèrent le long de son cou, en caressèrent les lignes généreuses…et se brûlèrent. Je grognai et cherchai la cause d’une telle agression. Ma douce portait un crucifix, probablement bourré d’argent pur. Je souris et susurrai ; « Tu as pris tes précautions… » J’inspirai profondément et bruyamment, humant sa chevelure dorée. « Je t’effraie ? Je t’oppresse. Je te veux ! » Une mèche de ses cheveux glissa entre mes dents. « Toute entière, toute à moi. » Elle écarta les cuisses et me présenta son artère fémorale. Douce invitation…« Sers-toi. » Lâcha-t-elle. Je souriais d’avance à l’idée de la boire…jusqu’à satiété. « Raisonnablement. » Ajouta-t-elle, brisant mes espoirs. « Il sera fait selon les désirs de madame. » Répondis-je cependant, exécutant une sorte de révérence ironique.

Je descendis, en quête de ces terres conquises. Mes doigts fins en caressèrent le fleuve principal, et ma langue vint à l’appeler. Bientôt, les lueurs extérieures trahirent la présence de mes crocs, appendices démesurément longs. Ils pénétrèrent la chair de ma louve, et mes lèvres vinrent s’accrocher à la plaie.
Un œil extérieur nous croirait en pleine séance de gymnastique érotique. Ma position, ajoutée aux bruits de succion dus à mon activité, esquissaient parfaitement le tableau d’une opération bien plus intime. Qu’importe.
Natasia semblait apprécier ma morsure. J’aurais volontiers continué, hélas je me devais de suivre ses restrictions. Ainsi me stoppai-je et m’apprêtai-je à glisser ma main…là où aucun autre homme n’a le droit de s’immiscer. La louve me stoppa. Je gémis de frustration et soufflai ; « Plus tard…je vois. » Pour toute réponse, elle rassembla ses jambes et essuya les traces de mon passage.

La limousine ralentit. Des flashes filtraient déjà à travers ses vitres, m’arrachant un soupir d’exaspération. Les humains ne me laisseraient jamais tranquille. Ah ! J’en venais à regretter le temps de l’Inquisition…ou pas.
Je sortis en premier. Immédiatement, une dizaine de lumières blanches m’aveuglèrent et me forcèrent à reculer. L’espace d’un instant, je papillonnai des paupières et peinai à recouvrer mes esprits. Les vampires ne supportent pas la lumière, bande d’ignorants ! Malgré mon envie –croissante de massacrer ces impertinents, je gardai mon calme et leur offris mon plus beau sourire hypocrite. « Quelle plaie. » Grognai-je tout en extirpant Natasia de la voiture. « Ils sont lourds. Si j'en tue un c'est grave ? » Murmura-t-elle à mon attention. « Ça, c’est à toi de me le dire ma mignonne. C’est toi, la fliquette anti-monstres… » Gloussai-je. « Ignore-les. Ils ne méritent pas ton attention. »

Nous nous frayâmes un chemin à travers la foule, jusqu’à atteindre un cuistot bedonnant, passablement débonnaire et relativement oppressé. Apparemment, monsieur Alejandro n’avait pas encore rencontré de zombie, de mort-vivant, de vampire. Désormais, la chose était accomplie. « Benvenuto, monsieur Blackstone ! » Le stress brisait son somptueux accent italien…dommage. « Vous êtes tout en beauté aujourd’hui et…et votre cavalière aussi ! » Je pinçai le nœud de ma cravate et me redressai, l’air hautain. « Je suis toujours beau. » L’italien ouvrit la bouche, désireux de réparer les pots cassés. « Trêve de babillages, mon cher. » Le coupai-je. « Menez-nous à votre table la plus confortable, je vous prie. » Il obéit et se hâta de nous dégoter un serveur. LE serveur capable de se plier en quatre, en six ou en seize si cela répond aux exigences du client.

Le jeune homme s’apprêta à me remettre un menu. Au dernier moment –soit une seconde avant le drame, il se ravisa et le glissa entre les mains de ma louve. Je levai les yeux vers lui et l’observai, augmentant considérablement le débit d’adrénaline dans ses veines. Mmmh. « Vous souhaitez quelque rafraîchissement ? » Avança-t-il timidement. Natasia répondit, m’empêchant de lâcher une remarque salace, et abrégeant son supplice. Le serveur se retira, et le temps des négociations commença.
Je rapprochai ma chaise de celle de ma douce, et jetai un œil au menu. Illico presto, Natasia m’imposa des restrictions ; « Je te préviens, si tu veux une entrée, tu n'auras pas de dessert ! Je n'ai qu'un seul estomac je te rappelle, espèce de goinfre d'outre-tombe ! » Je la fixai et retentai une imitation du chat Potté. « Tcht ! Pas de mais ! » Un gémissement m’échappa, et ma main droite rencontra ma poitrine. « Très bien. » Dis-je d’une voix étranglée. « Je me rends, mon général. » De l’autre main, je lui pinçai le ventre et gloussai ; « Pourtant, ça t’irait bien…les poignées d’amour…mon chaton. Huhuhu. » Je cessai et clignai des yeux, l’air faussement innocent.

« Par contre je suis gentille, tu as le choix du vin… » Je souris. « Quelle délicate attention ! Tu me touches… » A cet instant, je me rappelai d’un détail plutôt gênant.
Je n’avais jamais bu de vin. Chez les Blackstone, il s’agissait d’une boisson trop « raffinée » pour un esclave. Plus tard, je me suis surtout drogué au whisky. Américain jusqu’au bout des griffes, et fier de l’être !
Je « rougis » légèrement et toussotai. « J’avoue… » Couinai-je. « Ne pas y connaître grand-chose…ni en vin, ni en nourriture sophistiquée. » J’ignorai même à quoi ressemblait une…euh…pizza ! Si j’avais eu le courage de raconter mon passé à Natasia, j’avais omis de préciser quelques détails. Ainsi baissai-je la tête et susurrai-je. « Les Blackstone me nourrissaient à peine. Malgré ma musculature, fruit de mon travail d’esclave, on ne pouvait ignorer ma maigreur. Tu comprendras aisément pourquoi je suis si ignorant… » Je relevai la tête et la dévisageai, les yeux brillants. Une touche de dramatisme en plus, mesdames et messieurs ! « Pardonne-moi. »

Asher aurait pu devenir le sosie de ce chat maudit aux yeux de merlant frit que je n’aurais jamais cédé ! Je n’avais jamais été ronde, aussi loin que remonte ma mémoire. Je pense même que j’avais déjà plus tendu vers l’anorexie qu’autre chose, ce qui n’était pas vraiment mieux ; Ressembler à un sac d’os ? Laissons ça aux squelettes ! Et, étant louve, j’avais beau avoir un appétit d’ogre, je n’allais pas me goinfrer en présence de mon amant. Je n’aimais pas manger, j’avais une préférence pour le saignant et j’aimais attraper mes proies en courant sous ma forme de louve, seule ou accompagnée des membres de la meute. Certains trouveront ça à vomir, moi pas…Après tout, je suis loin d’être normale. « Pourtant, ça t’irait bien…les poignées d’amour…mon chaton. Huhuhu. » Je lui tirais la langue et levais les yeux au ciel. Il disait ça maintenant, mais si je grossissais, j’étais persuadée qu’il ne trouverait plus cela aussi drôle. Oh, bien sur, l’amour véritable se fiche du physique mais j’avais encore du mal avec cette notion de sentiment amoureux qu’il nourrissait envers moi et que, apparemment, je nourrissais envers lui.

Ce fut peut-être cela qui me fit lui laisser le choix du vin. Personnellement je me fichais comme de l’an deux mille du Châteaubriand 43 que l’on nous ouvrirait pour le repas, si le vin serait rouge, bleu, jaune ! Je pensais qu’un homme tel que lui, possédant ce que je pensais être un goût du raffinement, s’y connaître mieux que moi mais apparemment, j’avais fais une bourde, la bourde du siècle, même s’il ne me le dit pas immédiatement. « Quelle délicate attention ! Tu me touches… » J’allais lui répondre « pas encore mais ça va venir » mais, en voyant sa tête changer, je compris que j’avais fais une erreur quelque part. Laquelle, je n’en savais encore rien mais…« J’avoue… » Aie. « Ne pas y connaître grand-chose…ni en vin, ni en nourriture sophistiquée. » J’haussais un sourcil. « Les Blackstone me nourrissaient à peine. Malgré ma musculature, fruit de mon travail d’esclave, on ne pouvait ignorer ma maigreur. Tu comprendras aisément pourquoi je suis si ignorant… » Je me mordis la lèvre inférieure avec la folle envie de me gifler. Moi qui pensait lui faire plaisir, je m’étais trompée sur toute la ligne…J’avais cru qu’il y aurait goûté après, les vampires pouvant boire ce qui est liquide comme l’alcool, mais c’est vrai qu’en Amérique, la préférence va à l’alcool « lourd » comme le whisky. « Pardonne-moi. ».

Je soupirais puis souris gentiment. Je pris le coin de ma serviette et fis mine d’essuyer une crasse sous son œil, qui était en réalité une petite tâche de sang. « Ne pas s’y connaître en vin n’est pas un délit, vampire de mon cœur ! Il suffit de leur demander leur meilleure bouteille de rouge. Pour accompagner une pizza c’est l’idéal…Et tu choisiras ensuite le dessert, n’importe lequel, même le plus calorique si ça te fais plaisir ! » Mon choix s’était portée sur une pizza, c’était l’une de nos sélections. Nous étions dans un restaurant italien trois étoiles et, s’il voulait des pâtes, je pouvais en cuisiner moi-même tandis qu’une pizza…Surtout ici, elles tenaient du divin. Ou du malin, comme si Lucifer les avait façonnée pour les rendre irrésistible…Une sorte de nouvelle drogue. Notez, snifer de la pizza reste moins dangereux que de se piquer à l’héroïne !
Je me mis une gifle spirituelle pour m’empêcher de penser à ces conneries.

Le serveur, légèrement tremblant enrobé d’une odeur doucereuse de peur, s’approcha vers nous avec son calepin et son crayon. Il nous demanda si nous avions choisis, je lui dis que oui et dictais notre commande. Il revint avec le vin mais était si nerveux qu’il fit tomber la bouteille. L’une de ses collègues, exaspérée, lui ordonna de nettoyer et revint avec une bouteille neuve. Elle était très à l’aise, très souriante et je sentais sur elle une odeur de mort. Une sorcière…Elle me fit un léger clin d’œil après m’avoir regardé et je me sentis rougir comme une gamine. Elle retourna en cuisine pour prendre la commande à servir d’un autre client et je croisais le regard d’Asher. Je sentis immédiatement le besoin de justifier cet échange de regard. « Sympas la serveuse non ? C’est chouette de voir enfin un employé qui ne tremble pas comme une feuille en te voyant, ah ah ! S’ils savaient qu’en fait tu es tout gentil quand on te gratte l’oreille ! » Je gloussais. En fait, je m’enfonçais considérablement puisque je venais de sous-entendre qu’il était le soumis de la relation mais tout cela je le paierais bien plus tard, je lui faisais confiance.

La serveuse revint un peu plus tard portant gracieusement une pizza pour deux encombrant la moitié de la table. Et ouaip, j’allais manger tout cela ! La moitié finirait « virtuellement » dans l’estomac de mon amant et le reste donnera à mon corps l’énergie dont il a besoin pour fonctionner correctement avec mon organisme surdéveloppé. J’avais demandé à ce qu’elle soit déjà coupée. Elle nous avait apportée une nouvelle bouteille pour le repas en lui-même et nous servis dans le verre à côté. Elle repartit en nous souhaitant un bon appétit et en m’ayant lancé un petit coup d’œil. « Ca change… » en général, c’était Asher qui se faisait draguer et moi qui devait ruminer ma jalousie. Les rôles s’inversaient et, j’ignorais si la sorcière avait agis dans ce but ou parce qu’elle me trouvait vraiment mignonne mais je l’aimais déjà bien, cette fille ! Je coupais un bout de pizza, le piquais sur ma fourchette et le portais à mes lèvres. Je le regardais déguster le goût. « C’est ta première, n’est ce pas ? » Je n’en avais plus mangé depuis la deuxième marque donc il n’avait jamais pu en goûter avant ! Il y a une première fois à tout…

Première et pas des moindres, cela dit ! Tout en mangeant, nous discutions de choses et d’autres. « Tu sais, maintenant que j’y pense, quand tu as envie de quelque chose en particulier tu peux demander ! J’ai de folles envies de fraises en ce moment… » Je gloussais en voyant sa tête changer, passant du blanc normal au blanc pâle. « Je blague, idiot. » Décidemment je m’amusais sûrement un peu trop et je le paierais sûrement un peu trop cher aussi !

Le sourire de ma douce balaya toutes mes craintes. Ah ! Son sourire…son doux sourire…la seule expression capable d’apaiser le feu de ma rage et la glace de ma tristesse. Je lui rendis la pareille et fermai les yeux au contact de sa serviette. En un rien de temps, toute trace de mon amertume avait disparu. « Ne pas s’y connaître en vin n’est pas un délit, vampire de mon cœur ! » Si j’avais pu rougir, j’aurais rougi. J’adorais ce surnom. « Mais je… » Balbutiai-je, tel un enfant pris en faute. « Il suffit de leur demander leur meilleure bouteille de rouge. Pour accompagner une pizza c’est l’idéal…Et tu choisiras ensuite le dessert, n’importe lequel, même le plus calorique si ça te fais plaisir ! » Finalement, mon ignorance me rendait service ! « Vrai ? Tu es exquise, mon ange ! » Je lui volai un baiser et susurrai ; « Au sens propre, comme au figuré… » Un gloussement m’échappa. J’avais beau me coller des baffes spirituelles, je n’arrêtais pas mes enfantillages. Le seul moyen de me calmer revenait à m’occuper, d’une façon ou d’une autre. Faute de mieux, je jetai un œil à la carte.

Natasia choisit une pizza royale, bourrée d’ingrédients divers et variés. Je trépignais d’impatience à l’idée de goûter à un plat aussi exotique, accompagné d’une boisson pourtant interdite. Si les Blackstone m’avaient vu boire du vin, directement ou indirectement, ils se seraient jetés du haut d’une falaise. Certes, j’aurais du boire du vin plus tôt.
Le jeune homme censé nous servir pédalait dans la choucroute. Il se cassa la figure, et la précieuse bouteille avec. Des regards inquisiteurs se tournèrent vers lui, et quelques ricanements de bourgeois trop gras raisonnèrent aux quatre coins de la salle. Heureusement, une de ses collègues rectifia le tir et vint à notre rencontre.

Un seul regard de sa part m’arracha un grognement d’outre-tombe. S’intéresser à la compagne d’un vampire revient à reluquer la lupa d’un alpha. La bête n’aime pas ça. Ainsi fixais-je la serveuse du coin de l’œil et la menaçais silencieusement. Vile sorcière, ne t’avise pas d’assaillir ma cavalière ! Lucifer soit loué, elle se tailla vite fait. Je me détendis et dévisageai Natasia. L’éclat de mes prunelles avait doublé d’intensité. « Sympa la serveuse non ? » Je haussai les épaules. « C’est chouette de voir enfin un employé qui ne tremble pas comme une feuille en te voyant, ah-ah ! » Je me redressai vivement et jouai au vampire outré. « Elle devrait ! » Natasia décida d’en rajouter une couche. « S’ils savaient qu’en fait tu es tout gentil quand on te gratte l’oreille ! » Mes lèvres se pincèrent, et un grondement mécontent vibra au fond de ma gorge. « Tu mens ! Je suis, et je demeure, une créature vile…assoiffée de sang et…d’autre chose. » Je souris et murmurai ; « Mais surtout de toi… »

La serveuse revint, chargée d’un plat immense. Elle le déposa entre nous deux et me pétrifia d’admiration. Je n’avais jamais vu de…euh…met aussi énorme ! « Bon appétit. » Lâcha la serveuse en s’éloignant, me sortant de ma transe. Une fois encore, elle coula un regard oblique à ma douce. Une grimace tordit mes traits, et dévoila la pointe d’une de mes canines. « Ça change… » J’arquai un sourcil ; « De quoi ? » Inconsciemment, je surveillai la demoiselle du coin de l’œil. Pourquoi s’intéressait-elle spécialement à ma petite amie ? Bon sang, la salle était bourrée de canons en tous genres !

L’instant de vérité arriva. Natasia coupa un bout de pizza, le piqua du bout de sa fourchette, et le porta à ses lèvres. Hors de question de rater le moindre mouvement ! Elle le mâcha, tout doucement, très lentement. Chaque arôme me titilla les papilles. La pâte, la tomate, le fromage, le jambon, les pepperoni…tout. Je poussai un gémissement d’extase et semblais à deux doigts de l’orgasme. Bah eh, je n’ai plus rien mangé depuis six siècles ! « C’est ta première, n’est ce pas ? » Je me léchai les lèvres et papillonnai des paupières. « Oui, c’est ma première. Bon sang, c’est un délice ! Je n’aurais jamais cru goûter à un plat aussi délicieux de toute ma vie…et de toute ma mort. » Je fermai le poing et appuyai ma tête dessus. Le regard perdu et la mine pensive, je savourais chaque bouchée de ma louve. « Tu sais, maintenant que j’y pense, quand tu as envie de quelque chose en particulier tu peux demander ! J’ai de folles envies de fraises en ce moment… » Je manquai tomber en arrière et m’étaler de tout mon long, tel une belle crêpe. « Que…Quoi ?! » Mon teint vira au blafard. Je veux dire, plus blafard. « Mais je… » Ma voix baissa d’une demi-mesure et se changea en un couinement plaintif. « …je suis censé être stérile ! » En guise de réponse, Natasia gloussa. « Je blague, idiot. » J’expirai bruyamment et appuyai ma main contre ma poitrine. « Ouf ! Tu me rassures. » D’un coup, je fronçai les sourcils. « Attends, tu t’es foutue de moi ? » Un sourire sadique s’esquissa au coin de mes lèvres. « Tu me le paieras, sale petite menteuse. »

A l'entendre, on aurait pu penser qu'il venait d'avoir un orgasme –gustatif bien sur- et cela me fit glousser. Il était tellement mignon, parfois! Comme un grand enfant…Dans ces moments là, j'ignorais s'il était vraiment lui-même ou s'il jouait un rôle de grand gamin capricieux et pervers. Peu importe, je finirais par le découvrir et de toute façon, ça n'avait aucune importance. Il y a une chose sur laquelle il ne peut pas jouer, ce sont ses sentiments… « Oui, c’est ma première. Bon sang, c’est un délice ! Je n’aurais jamais cru goûter à un plat aussi délicieux de toute ma vie…et de toute ma mort. »
« Meilleur que le sang? » j'arquais un sourcil, peu convaincue de ce fait. Même moi, en tant que louve, je ne pouvais imaginer met plus délicieux que le sang. Qu'il soit humain ou animal, il était plein de la vie, d'une touche de je ne sais quoi qui le rendait unique, absolument inimitable, et que j'adorais. Lui, étant vampire, il devrait ressentir la même chose…Mais au fond, pensais-je, il se nourrit de sang depuis des siècles, il peut en être las…
Très las.

Je n'y pensais plus lorsqu'il tomba et même fonça tête baissée dans le panneau énorme que je venais de lui mettre sur le chemin. Quel nouille! « Que…Quoi ?! » Le coin de ma bouche tressailli, je me retins d'éclater de rire. « …je suis censé être stérile ! » Je gloussais. « Je blague, idiot. » Il expira, semblant d'un coup soulagé, comme si on venait de lui ôter le monde des épaules. C'est la première chose à laquelle un vampire penserait! « Je suis stérile, ce n'est pas possible, sauf si c'est garce me trompe! » voilà ce qu'il aurait du se dire…Nouvelle preuve qu'il était trop amoureux pour être lucide. « Ouf ! Tu me rassures. » Il fronça les sourcils. « Attends, tu t’es foutue de moi ? » Je pris un air tout à fais innocent et mis une nouvelle bouchée de pizza royale en bouche, faisant rouler le goût sur ma langue pour l'interrompre. « Tu me le paieras, sale petite menteuse. » J'avalais en m'étouffant à demi tant je riais. Ça y est, j'avais explosé! Je m'essuyais une larme au coin de l'œil et bus une gorgée de vin pour me reprendre, profitant de la saveur pour deux avant de commencer à jouer. Ma jambe caressa la sienne, remontant lentement entre ses cuisses jusqu'au creux de son pantalon. Je le vis réagir et fis mine de rien, reprenant un autre morceau de pizza. « Pour le moment, c'est moi qui fais payer on dirait… »

Ces petits jeux continuèrent un moment encore, le temps que je finisse toute la pizza…Une minute, je l'avais totalement terminée?! Oh mon dieu, moi qui avait voulu faire attention…Dépitée, je regardais l'assiette vide. « Olalala il va me falloir de l'exercice d'urgence… » Je l'interrompis directement, sachant ce qu'il allait répondre. « Pas celui la, pervers! » Je rappelais la serveuse pour ravoir la carte des desserts et la tendit à mon amant pour qu'il fasse son choix. Comme prévu, ce fut le glacé nappé de chocolat avec des fraises et toute la panoplie, comme si la totalité de mes faiblesses culinaires étaient réunies en un seul plat. « A ce train-là, je vais exploser! » En guise de vengeance, je pris une cuillérée et la mis très lentement en bouche, faisant glisser ma langue sur le creux et le début du manche du couvert. Le dessert dans ma bouche, je l'avalais et retournais la cuiller en la suçotant doucement, ne quittant pas mon amant des yeux. Dire que c'était moi qui parlait d'abstinence…Je savais que je ne pourrais pas tenir avec lui! « Je te hais, vampire de mon cœur… » soufflais-je doucement en dégustant ce dessert uniquement pour lui. Ma jambe caressait à nouveau la sienne et je commençais à avoir envie de me retrouver dans un endroit plus privé, pour pousser le jeu encore plus loin.

« Si on s'en va dans les cinq minutes je te promets de terminer ce dessert sur ton corps… » Equivoque, non? Rien de mieux pour encourager un homme à payer que de lui promettre des câlins coquins. La serveuse, un peu moins souriante, vint apporter l'addition à la demande du vampire. Le patron vint nous saluer –enfin, saluer Asher- et nous souhaiter une bonne fin de soirée. Ah ça, elle serait bonne! Dans mon programme initiale, l'étape suivante était le Mortelle Séduction mais, au rythme où ça allait, je voyais plus les « Sept Pêchers Capitaux » ou le « Narcisse Enchaîné ». Lorsque le portier nous ouvrit la porte, il y avait moins de journalistes mais il y en avait toujours beaucoup. Je soupirais, et, au même instant, il y eu un coup de feu…
Et je tombais au sol, une balle d'argent dans la poitrine.

Spoiler:

« Meilleur que le sang ? » Une telle question me tira de ma transe. Je me redressai, comme si Natasia avait abordé un point particulièrement sensible. « Rien n’est meilleur que le sang. » Lâchai-je, profondément déterminé. Tous les morts respectent et vénèrent le sang. Il ramène les zombies à la vie et préserve l’existence des vampires. Il ranime les cadavres décomposés et irrigue les veines des chimères putréfiées. Ah ! Tant de choses en réalité. Au fil des siècles, les vampires s’en lassent…et pourtant, il conserve une valeur inestimable à leurs yeux. A mes yeux. « Cependant… » Repris-je. « Goûter à une autre nourriture, une fois tous les six siècles, me permet de conserver…un soupçon d’humanité. » Un faible sourire se dessina au coin de mes lèvres. Natasia avait vu quelle bête j’étais capable de devenir. A présent, se méfiait-elle de ma compagnie ? Me tuerait-elle si mon regard recouvrait, une fois encore, la bestialité face à laquelle elle avait été confrontée ? Je l’ignorais, et très franchement, je ne tenais pas à le savoir.

Bref. Trêve de questions existentielles ! Ce soir, Natasia voulait jouer. Son petit canular était censé me préparer aux festivités à venir. Des festivités particulièrement tentantes et…brûlantes. D’ailleurs, la louve s’octroya le droit de partir à la découverte des zones australes de mon anatomie. Son pied remonta le long de mon tibia, cogna contre mon genou, et s’échoua aux alentours de mon entrejambes. Cette dernière manifesta sa surprise en se bombant légèrement sous sa prison de tissu. « Pour le moment, c'est moi qui fais payer on dirait… » Si j’avais pu rougir, je me serais changé en tomate. Je me contentai de pincer les lèvres et de me redresser. « Pff, tu fabules ma pauvre ! »

Une quinzaine de minutes et quelques taquineries plus tard, Natasia avait entièrement dévoré sa pizza. Je savourais les dernières miettes, les derniers résidus de tomate coincé entre les dents de ma douce, et me léchai les lèvres de satisfaction. « Quel délice… » Natasia poussa un soupir de dépit ; « Olalala il va me falloir de l'exercice d'urgence… » Je levai le doigt, ouvris la bouche et inspirai, prêt à proposer une alternative particulièrement intéressante. « Pas celui la, pervers ! » Immédiatement, je la fermai et boudai. Zut. J’avais pourtant trouvé LA solution !
En guise de lot de consolation, Natasia quémanda la carte des desserts. La serveuse nous la tendit gracieusement et repartit en vitesse, de peur de s’attirer mes foudres…sans doute. Fidèle à mon statut de morfale d’outre-tombe, je choisis LE dessert le plus calorique de tout le menu. Glace, chocolat, fraises, amandes, chantilly et toute la clique. Tant de condiments auxquels je n’avais jamais eu accès. Je me régalais d’avance, tel un gosse confronté à un paquet de bonbons malencontreusement hermétique. « A ce train-là, je vais exploser ! » Gémit Natasia. « Mais non, mais non…au pire, je t’accrocherais une ficelle à la cheville et tu voleras comme un petit ballon…huhu ! » Répondis-je en gloussant et papillonnant des paupières. Infantile jusqu’au bout, mesdames et messieurs !

Ah ! Cette abominable garce se vengea. D’un geste d’une lenteur démesurée, elle recueillit une portion de glace, couverte d’une fine pellicule de chocolat chaud…et la lécha tendrement, la caressa du bout de la langue. Je ne loupai aucun arôme, aucune sensation. Elles me mirent dans tous mes états, m’obligèrent et m’avachir au coin de la table et à ronronner de satisfaction. « Désormais, je brûlerais en vampire heureux. » Ma douce me fixait du coin de l’œil, passablement satisfaite de sa petite torture. De sa délicieuse petite torture… « Je te hais, vampire de mon cœur… » Sa jambe glissa le long de la mienne, et je levai les yeux vers elle au même rythme. « Moi aussi, ma petite boule de poils adorée… » Un silence, un moment d’absence, de rêverie, et puis… « Si on s'en va dans les cinq minutes je te promets de terminer ce dessert sur ton corps… » Je me redressai soudain, totalement éveillé. « Vendu ! » Lâchai-je avant de me retourner et de héler la serveuse. Elle nous apporta l’addition, soudainement moins souriante. Bizarre, d’habitude les humains –ou presque humains, aiment recevoir de l’argent…Oh et puis qu’importe. Je n’avais pas à me soucier du petit personnel.

Le patron nous salua, ou du moins me salua, et me noya sous une marrée de compliments. Je le remerciai, même si je n’écoutais pas la moitié de ses dires, et me frayais un chemin au milieu de tous ces satanés journalistes. Natasia me tenait la main, désireuse de me garder auprès d’elle et de ne pas me perdre.
Soudain…tout s’écroula autour de moi. Un coup de feu retentit. Une vive douleur me traversa la poitrine et ébranla mes genoux. Les doigts de ma douce lâchèrent prise et se délièrent des miens. Elle s’écroula, et je la rattrapai du mieux possible. « Natasia ! » M’écriai-je. Une odeur alléchante titilla mes narines et mes instincts les plus primaires. Du sang…son sang ! Le tir l’avait touchée, nom d’un chien ! Et à vue de nez, il s’agissait d’une balle en argent.

Des « Oh ! » retentissaient de tous les côtés. Des cris d’indignation et de stupéfaction me brisaient les oreilles. « Appelez une ambulance ! » Beuglait-on. « On n’a pas le temps ! » Lâchai-je en sortant un petit couteau de ma botte droite. Je le gardai entre les dents, dévoilai une partie du soutien-gorge de Natasia et exhibai la balle. Les journalistes ne rataient pas une miette du spectacle, et je m’en foutais complètement. La vie de Natasia passait avant tout. Du bout du couteau, j’agrandis la plaie et révélai le culot du projectile. Apparemment, il avait percuté une côte, l’avait brisée, et était resté coincé contre sa jumelle la plus proche. Les capacités régénératrices de ma louve soigneraient cette petite fracture. L’urgence résidait surtout dans l’extraction de cette abomination.

Le plat de la lame glissa le long de la douille, pénétrant la chair de ma douce. J’atteignis l’ogive sans difficulté et, usant du fer comme d’un levier, j’expulsai la balle. Les rudiments de la guerre de Sécession n’avaient pas quitté mes souvenirs...tant mieux. Sans perdre un instant, je mordis l’épaule de Natasia, le plus proche possible du cœur, et bus une partie de son sang. S’il contenait du nitrate d’argent, j’en ingurgiterais une partie et m’intoxiquerais à sa place. Heureusement, le tireur avait utilisé des balles de mauvaise qualité. Ainsi contenaient-elles peu d’argent liquide. Lucifer soit loué !

Je portais mon poignet à mes lèvres et m’apprêtai à achever l’opération. Hélas, l’assassin en décida autrement. Il tira une nouvelle fois et me transperça l’épaule de part en part, m’arrachant un feulement de douleur. Cette fois, j’allais le transformer en lasagnes. « Prenez soin d’elle. » Ordonnai-je à mes serviteurs, venus me porter secours. Je me faufilai à travers la foule, humai le parfum de l’adrénaline, de la peur et de la satisfaction. Cet imbécile de criminel laissait bien trop de traces derrière lui. Je pris mon élan, atteignis le premier toit venu, disparus et réapparus non loin de l’intéressé. « Tu cherches quelqu’un ? » Lâchai-je derrière lui.
Un grognement m’échappa. Mes pupilles se dilatèrent et percèrent l’obscurité.
La bête ne tarderait plus à se montrer.

Spoiler:

« Natasia! » J'entendis vaguement quelqu'un crier mon nom alors que mon corps m'abandonnait, tombant lamentablement au sol. Ma chute fut ralentie par les réflexes de mon vampire mais mon dos heurta tout de même le béton, me coupant le souffle. Je respirais avec difficulté, la balle ayant touché un bout du poumon qui se remplissait de sang petit à petit. Asher ôta la balle, et je ne pus hurler sous la douleur cinglante qui me traversa tout le corps puisque ma gorge était encombrée de sang. C'est à cet instant précis que j'eus une absence…Une longue absence.

Je me retrouvais dans une forêt, avec, en face de moi, un vampire. Je regardais mon reflet dans ses yeux. Mon apparence était la même, mais je me sentais plus jeune. L'air m'entourant ne m'était pas inconnu, il avait même une consonance familière me calmant l'esprit. Le vampire se mit à parler mais je ne saisissais pas bien, les mots sortaient de sa bouche mais refusaient de venir jusqu'à moi, ils étaient engloutis par la multitude de détails sonores que contenait cette vision, ce souvenir. Il se leva, un déplacement d'air sur la gauche, je bloquais son coup et nous commencèrent à nous battre. J'agissais à l'instinct, comme si je connaissais déjà ce combat et son issue finale. Il me plaqua contre un arbre, ses canines se plantèrent dans ma gorge et la sensation fut beaucoup trop réelle pour n'être qu'un rêve. Au moment où je perdais conscience dans la vision, je revenais dans la réalité avec un violent haut le cœur alors que mon amant me mordait pour purifier mon sang au maximum de l'argent. Ce n'était pas des balles au nitrate liquide, heureusement…

Un instant il était la, l'instant d'après il avait disparus. Je vomissais des litres de sang devant les caméras et les flashs crépitant avides du spectacle. Les quelques Cess présentent en guise de gardes tentèrent de les éloigner et une seule personne sembla se préoccuper de mon état: la sorcière. La serveuse sortit du restaurant et vint s'agenouiller à côté de moi en hurlant qu'on lui apporte la sacoche de son vestiaire, ce que son collègue s'empressa de faire. « Ça a perforé son poumon, l'argent l'empêche de cicatriser PUTAIN DEPÊCHE AVEC CETTE MALETTE!! » J'essayais d'articuler quelque chose, sans y parvenir. Poumon perforé, ça, j'avais compris mais comment un petit fragment d'argent pouvait empêcher ma cicatrisation à ce point? Je savais que je guérirais plus vite sous forme lupine, mais je me refusais à me transformer devant tous ces gens avides de spectacle. Le Cirque des Damnés, c'est trois rues plus loin, bande de cons! Je mourrais d'envie de leurs crier cela, sans succès…

Une odeur familière traversa alors la foule et la sorcière du me voir y réagir car elle appela le loup concerné qui n'était autre que Clément. Un nouveau moment de noir et j'avais la tête sur ses genoux pendant que la sorcière récitait des incantations magiques en versant en liquide brûlant dans la plaie de ma poitrine. D'un coup, je me remis à tousser en évacuant, en plus du sang, ce que je crus identifier comme un petit morceau de mon poumon…Ecœurant. C'était le morceau touché, et je voyais une sorte de nécrose la où la balle l'avait touché –il faut dire que j'avais presque le nez dessus. Agacé par ce cirque médiatique, Clément me prit dans ses bras et me porta à l'intérieur du restaurant, loin de tout ça, du bruit, du reste, et je m'évanouis.


L'assassin avait pris peur en voyant qu'il m'avait raté. Sa cible était le cœur et, si je ne m'étais pas tournée vers mon amant à cet instant précis pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, mon esprit aurait déjà rejoins le Munin. Son plan avait été simple: Exécuter le contrat pour lequel on l'avait engagé et disparaître dans la foule avant que le maître de la ville ne puisse se remettre du choc engendré par ma perte et le rattraper. Il n'avait simplement pas prévu que le premier instinct des vampires résidait dans la vengeance…Du coup, il se retrouvait avec l'un des plus puissant mort-vivant de Londres aux fesses, très en colère et prêt à le massacrer.

Au début, ce contrat lui avait semblé facile. Tuer une louve, une balle en argent dans le cœur et on n'en parle plus! Pour une fois, ceux qui m'en voulaient n'avaient rien avoir avec Asher. C'était des ennemis personnels, des gens que j'avais arrêté dans le cadre d'une enquête et qui avait perdu, non seulement leur petite fortune mais en prime leur business minable. Ils auraient pu m'enlever pour me le faire payer plus cher, mais ils n'avaient plus aucunes infrastructures pour me retenir alors ils avaient opté pour la solution de facilité…Qui allait leurs coûter leur assassin mais en plus et sans aucun doute leur tête.
Un assassin bien misérable si vous voulez mon avis, qui fit un bon de deux mètres en entendant Asher. Ils e retourna et tenta de lui tirer une balle dans le cœur. Mais, au moment où la balle atteignait l'endroit où il se trouvait deux secondes auparavant, le vampire était déjà dans son dos…
Le massacre qui s'en suivit fut terrible.

Je sentais le sang, la fureur et la peur de la où j'étais, ce qui me tira de mon semi-coma. Clément fut soulagé une demi-seconde, avant de voir l'éclat de mes yeux et de comprendre. Je lui souris très doucement, prédatrice jusqu'au bout des ongles. « J'ai faim, mon loup adoré…Très faim. »
« Sortez tous de cette pièce, en vitesse!! » Sage conseil, car j'aurais pu me jeter sur la sorcière ou sur un humain en guise d'apéritif. Mais j'avais envie de loup, juste de loup. C'était son odeur, son sang palpitant dans ses veines qui m'attiraient. La bête d'Asher s'était mêlée à la mienne, déclenchant une fièvre de sang fulgurante. Je passais ma langue sur mes lèvres et avançais vers Clément à quatre pattes dans ma robe déchirée ne servant, au fond, plus à rien. « J'ai envie de te tuer, tout doucement, de boire ton sang et d'arracher ta chair lambeau par lambeau… » gémis-je doucement en frottant ma tête contre sa poitrine. Il n'avait pas reculé, il savait que quelqu'un devait calmer ça et, comme Asher était loin…« Ces putains de morts servent vraiment à que dalle… »
La tout de suite? On dirait bien…

Spoiler:

L’assassin se retourna vivement et me tira dessus. La balle ne m’atteignit jamais. J’avais disparu de son champ de vision et m’étais retrouvé derrière lui, prêt à le massacrer. Du bout de l’index, je lui tapotai l’épaule et l’invitai à se retourner. Lorsque son regard croisa le mien, je secouai la tête en grognant ; « Hin hin hiiin… » Mon poing partit tout seul et lui flanqua un direct du droit tout à fait admirable. Le type valdingua cinq mètres plus loin et se vautra par terre. Qu’allais-je faire de lui, à présent ? J’hésitais entre l’exploser de l’intérieur à l’aide d’une onde de choc, et lui arracher les entrailles moi-même. A l’ancienne, façon boucherie, vous voyez le topo ?

Ma préférence alla à la boucherie. Ma Bête jubilait déjà à l’idée de se tartiner de sang et de boyaux divers. Je la sentais s’agiter au fond de moi, m’inciter à me magner et à dépecer ce type. Je lui obéis aveuglément et m’approchai de ma victime, d’un pas rapide quoique gracieux. Sans la moindre douceur, je lui empoignai le col et feulai. Toute humanité avait quitté mon regard. Une rage sans nom irradiait de mes pupilles d’un bleu glace pénétrant. Mes crocs réclamaient de la chair où s’enfoncer. En définitive, notre assassin passerait un putain de quart d’heure.

Violemment, je l’encastrai dans le toit du bâtiment où il avait cherché à se réfugier. Le béton se fissura, craqua et s’effondra sous notre poids. Quatre ou cinq étages de défoncé plus tard, nous voilà couverts de poussière grise et atteints de quelques fractures. Mon épaule droite avait sacrément morflé, et pourtant je ne souffrais pas. Je me contentais de secouer ma victime et de lui marteler le crâne contre le sol. Elle avait beau hurler, supplier, je n’arrêtais pas. Au contraire, j’enchaînais, encore et encore. Je le mordis, arrachai un morceau de sa gorge et suçai un maximum de sang. Mes ongles, tranchants comme des griffes, arrachèrent ses vêtements et lacérèrent la peau de sa poitrine. Ils l’écorchèrent jusqu’à dénuder les organes, si chauds et si palpitants. Je me léchai les lèvres et plongeai la tête au sein de ce poitrail béant, léchant les côtes et le foie, griffant les viscères les plus sensibles. Rien n’échappait à mon investigation morbide.

Très vite, ma Bête se lassa de son jouet. Mes doigts se lièrent autour de sa gorge et l’écrasèrent. L’os sphénoïde éclata, l’occipital aussi, et la nuque se brisa en deux. Mort trop propre, vous êtes sûr ? Très bien. En guise de final grandiose, je lui arrachai la tête. Enfin, j’étais calmé. Couvert de sang et de viscères, mais calmé. J’inspirai profondément, expirai lentement et me levai tranquillement. Mieux valait me débarrasser de ce cadavre informe, et vite. Ma main glissa sous ma veste, en sorti un paquet de clope, une flasque de whisky et un briquet. D’abord, j’aspergeais le cadavre de whisky. Ensuite, je m’allumai une clope. Je tirai deux ou trois taffes et la jetai par terre. L’alcool s’enflamma, l’humain aussi, et bientôt une odeur de cochon grillé me titilla les narines.

Je renâclai, tournai les talons et quittai cet espèce d’immeuble abandonné. D’autres aventures sanglantes m’attendaient. Ainsi, je m’allumai une nouvelle cigarette et sortis un mouchoir de tissu, destiné à m’essuyer les mains et le visage. Si les humains me voyaient couvert de sang, ils se poseraient des questions. Avantage du smoking ? Le noir cache très bien l’hémoglobine.
Je rejoignis le restaurant, le plus calmement du monde, et entrai. On avait enfermé Natasia un étage au-dessus, de peur de subir les aléas de quelque fièvre de sang bien sentie (ainsi, voilà pourquoi ma Bête était si excitée ce soir-là). « J'ai envie de te tuer, tout doucement, de boire ton sang et d'arracher ta chair lambeau par lambeau… » Etendis-je, à deux pas de la porte. Aïe. Ma douce pétait une durite ! A moi de jouer.

« Ces putains de morts servent vraiment à que dalle… » Je grinçai des dents et toisai le loup de toute ma hauteur. « Ah oui ? » Lâchai-je en épongeant mes joues. Le mouchoir, jadis blanc, était désormais teinté de rouge. « Préfères-tu subir une fièvre de sang à ma place ? Mmh. Puisque tu insiste ! » Je lui tournai le dos et m’apprêtai à partir. Hélas, un piaulement de ma louve me retint. Je soupirai. « Quitte cette pièce. Immédiatement. » Crachai-je à l’attention du lycanthrope. « Et que personne ne nous dérange. » L’intéressé se leva, passa devant moi en me défiant du regard, et se retira –non sans se priver d’une remarque cinglante.
Désormais seul en compagnie d’une Natasia féroce, je réfléchis. Elle voulait du sang, de la violence et du sexe. J’allais lui donner du sang, de la violence et du sexe. « Tu veux jouer, petite louve ? » Susurrai-je, un sourire sadique affiché au coin des lèvres. Les mains derrière le dos, je manipulai une chaîne d’argent et fabriquai un lasso –Dieu bénisse mon ancien élevage de bétail. Je me brûlais les doigts, et je m’en fichais complètement. Ce joujou risquerait fort de me sauver la vie.

Spoiler:

La tête contre sa poitrine, je m'y frottais la joue comme un chat en quête de caresses, déposant mon odeur sur la moindre fibre de sa peau. Je gémis et me mis à mordiller l'un de ses tétons –puisqu'il portait un t-shirt résille sur le haut- sans qu'il ne proteste. Je sentais sa bête pulser sous sa peau, je savais qu'intérieurement, c'était le gros bordel. Depuis quelques temps, Clément était en colère, m'évitait, et soudain, sous ma forme de louve, je compris pourquoi: Il se sentait exclu. Zane était la pomme de sang d'Asher, et ce même vampire lui prenait à présent le deuxième membre du trio. Il n'avait jamais aimé les sangsues, ça n'allait pas s'arranger avec cette histoire. Je levais les yeux et les plongeais dans les siens, ronronnant doucement en montant à son épaule. Ses bras, un peu plus sur qu'avant, serrèrent ma taille. Je découvris mes canines de louve, prête à frapper, quand une énergie pénétra dans la pièce, m'arrêtant nette.

« Ces putains de morts servent vraiment à que dalle… » Je me tournais vers mon compagnon, sans bien comprendre. Je ne savais pas de quoi il en retournait, j'avais juste faim…D'un tas de choses. « Ah oui ? » Je passais ma langue sur mes lèvres, l'odeur du sang m'attirant irrésistiblement vers le vampire. J'avançais à quatre pattes vers lui. « Préfères-tu subir une fièvre de sang à ma place ? Mmh. Puisque tu insiste ! » Il se tourna et je feulais, vexée. Je voulais le sang qui barbouillait son corps! « Quitte cette pièce. Immédiatement. » Il s'adressait à Clément. Je gémis à nouveau, ma partie raisonnable essayant de prendre le dessus. Une expression douloureuse passa sur mon visage lorsque je croisais le regard de mon ami. J'avais l'impression qu'une chose entre nous venait de se briser. Une larme roula sur mes joues. « Et que personne ne nous dérange. »
« Je ne serais jamais le chien d'un zombie putréfié. » Et il claqua la porte. Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais compris. Mais la…Dés qu'il disparut, il n'y avait plus qu'Asher dans mon monde. Juste lui, mon puissant vampire couvert de sang.

« Tu veux jouer, petite louve ? » Un éclat brilla dans mes pupilles alors que je me mordillais la lèvre inférieure. Féline, je fis mine de me relever mais, au lieu de ça, me jetais tout bonnement sur lui. Mais j'aurais du me douter que ce ne serait pas si simple…Quelque chose s'enroula autour de moi, et ce quelque chose me brûla la peau. J'hurlais de douleur et de surprise avant de tourner un regard plein de haine, cette fois, sur mon amant. « Je vais te dépecer, t'étriper, te massacrer…Il ne restera rien, rien, rien! » Je chantonnais sur la fin avant de glousser comme une petite fille après une bonne blague. Le lasso s'était enroulé autour de mon cou, mais je gardais une certaine liberté de mouvement. Comptait-il m'entraver comme un veau lors d'un rodéo? Ça allait être bien plus compliqué que ça, je ne me laisserais pas faire.

Mon assaut l'avait fais tombé, et il m'avait retournée pour me plaquer au sol, tout en me tenant comme si j'avais été une chienne trop hargneuse. « Je veux te mangeeeeer!! » m'exclamais-je, plaintive de ne pas pouvoir. Je faisais claquer ma mâchoire dans le vide, sans arriver à saisir quoi que ce soit. Sa main avait été à deux doigts –ah ah!- de se faire arracher, mais il me l'avait ôtée avant. Alors, j'enroulais mes jambes autour de sa taille, le bloquant contre moi, frottant mon intimité trempée contre la sienne qui semblait déjà bien prête pour un petit jeu. « C'est tendre, cette chair-là…J'en goûterais bien… » Ma nature me poussait à dire toutes ces choses. Je n'étais plus moi-même, j'étais juste…Un instinct doté de paroles, des désirs enfouis au plus profonds ayant pris le contrôle. Je n'étais plus moi-même, de très loin! « Juste un petit bout…Et tu utilises le reste pour me baiser comme une chienne! » Je gloussais à nouveau, alors que je n'aurais jamais du dire une chose pareille! Mais l'instinct est bestial, banal, l'instinct…Me poussait à être crue, à dire les choses telles qu'elles étaient.

Mes mains se baladaient dans son dos, et une griffe lupine poussa de mon index pour lacérer la chair de mon vampire. C'était du côté droit, je m'amusais à titiller ses côtes. Qui résisterait? La côte ou la griffe? J'avais envie d'essayer…Je caressais ses os comme si je les tenais dans mes mains, j'aurais pu arracher un sacré morceau de chair…Et j'en avais très, très, très envie…« Asher pitié… »

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Attention, ce post pourrait choquer les âmes sensibles >.<

« Je ne serais jamais le chien d'un zombie putréfié. » La colère et l’envie dégoulinaient des paroles du lycan. Au lieu de m’en formaliser, je m’intéressai à ma louve et uniquement à ma louve. Je lui avais proposé de jouer, et elle était tombée droit dans le panneau. Virtuose du lasso depuis des siècles, je l’avais empêchée de me sauter dessus et de me déchiqueter « vivant ». « Je vais te dépecer, t'étriper, te massacrer…Il ne restera rien, rien, rien ! » Certes, je l’avais aussi foutue en rogne. M’enfin, on n’a pas d’omelette sans casser des œufs, hein ! « Tu t’improvises bouchère, maintenant ? C’est pas très sexy ! » Fanfaronnai-je, un sourire niais accroché aux lèvres.

Nouvel assaut. Fulgurant et imprévisible. La louve me percuta de plein fouet et me plaqua par terre. Instantanément, j’échangeai nos rôles et l’immobilisai du mieux possible. « Je veux te manger ! » Geignit-elle en claquant des mâchoires. Ma main droite abandonna son poignet et écrasa son cou, éloignant ses dents de mon visage. D’ailleurs, elle faillit m’arracher le bras au passage. « Vas-tu donc te calmer ?! » M’exclamai-je en montrant les crocs. Ma Bête répondait à la sienne, se défendait et imposait sa loi. A ce rythme-là, notre « dîner en amoureux » se changerait en « dîner en amoureux agrémenté d’une touche de film d’horreur de série Z ». Je m’exposais à des risques démesurés, à des équations interminables aux inconnues diverses et variées. Les griffes et les dents de Natasia, l’insurrection de sa Bête et la riposte massive de la mienne Bref, la grande classe.

La louve changea de registre. Elle enroula ses jambes autour de ma taille et frotta son intimité détrempée contre mon membre dressé –bah eh, tout ce sang m’avait mis en appétit, si vous voyez de quoi je veux parler. « C'est tendre, cette chair-là…J'en goûterais bien… » Gloussa Natasia. « Pas aujourd’hui, désolé. » Mais elle s’accrochait ! (Note à moi-même : si on me traite encore de sangsue, je ne répondrai plus de rien.) « Juste un petit bout…Et tu utilises le reste pour me baiser comme une chienne ! » Mes doigts serrèrent son cou, et mes lèvres frôlèrent le lobe de son oreille. « Je vais te baiser tout de suite. Tu auras le droit de goûter à cette chair si tu es sage…et si tu range tes dents ! » Pas besoin d’un dessin, on aura tous compris à quoi je pensais.

Les doigts de ma douce explorèrent mon dos, et l’une de ses griffes me charcuta –au sens propre. Je grinçai des dents et retins mes instincts. Ces derniers me hurlaient d’arracher la tête de la louve et de recycler sa moelle épinière en confettis. Bon sang, tu ne vas quand même pas la laisser te racler les côtes et les vertèbres sans rien dire ?! Nos regards se croisèrent. Certes, l’hypnose ne fonctionnait plus, mais la rage et la bestialité se lisaient toujours dans mes iris. Il ne s’agissait plus d’une affaire d’être conscient à être conscient. Non, il s’agissait d’une affaire de Bête sanguinaire à Bête sanguinaire. « Asher, pitié… » Supplia-t-elle.

« Pas de pitié ! » Rugis-je. Soudain, deux lames d’argent percèrent les épaules de Natasia et la crucifièrent au sol. Je pris garde de ne pas percer d’organes vitaux, bien évidemment. Soigner une fièvre de sang nécessite de la violence et du sexe, l’auriez-vous oublié ? Heureusement, je porte toujours quelques armes, notamment ces deux poignards. Cachés au creux de mes avant-bras, dans des fourreaux spéciaux censés me protéger de leur contact, ils passaient inaperçus et me sauvaient souvent la mise. Bref. A présent, ils goûtaient à la chair de ma louve. Tout doucement, presque tendrement, je la tranchai. Un sourire sadique ornait mes lèvres, et mon regard traduisait toute ma déférence envers sa souffrance. En clair, je m’en foutais complètement.

« Soumets-toi, petite louve. » Je lâchai l’un des poignards et glissai ma main entre ses cuisses. Le plus rapidement possible, je la débarrassai de ses porte-jarretelles et de son sous-vêtement. Le plus rapidement possible, je dénudai ma propre intimité et entrai en elle. « Soumet-toi ! » Répétai-je vivement en lui flanquant un coup de hanches mémorable et en montrant les crocs. Aucune douceur. De la force et de la virilité à l’état pur. « Tu voulais être baisée comme une chienne, n’est-il pas ? Donc, tu es une chienne ! » Nouveau coup de hanches. « Soumets-toi comme telle ! Soumets-toi à ton maître et calme-toi ! » Je mordillai le lobe de son oreille et poussai un grognement particulièrement effrayant. « Ou je te tue. »

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Encore une fois, déconseillé aux âmes sensibles ><

Je n'étais plus moi-même, je n'étais plus Natasia, toute ma personnalité, toutes mes qualités avaient disparus, ne laissant place qu'à mes défauts, qu'à un instinct doué de paroles et cru. Complètement et totalement cru. Tout sortais, et le filtre ne fonctionnait pas. J'étais dans une sorte d'état second dont deux choses pourraient me sortir: Du sexe et du sang. Du sang, j'en avais à profusion. Je raclais les côtes de mon vampire sans aucune gêne, mes lèvres collées à l'un des bords de sa peau pour sucer le sang qui s'en échappait. Je ne vivais que de cela, de violence, j'étais une bête…Une bête, juste une bête, que le Directoire aurait abattu, ne sachant comment la contrôler. Ou plutôt…Ne voulant sacrifier personne. Car j'aurais sans doute tué Asher si, au fond de moi, tout au fond, une petite voix ne m'en empêchait pas. J'aimais ce vampire…Oh oui, comme je l'aimais! Sa chair avait l'air si tendre, si douce, ce devait être pour ça…Non, je l'aime autant qu'il m'aime! Oui, à cause de son sang à profusion, du pouvoir qu'il renferme…Non! Si! Non!

« Pas de pitié ! » Pas de pitié pourquoi? Qu'avais-je dis durant mon délire? Je n'eus pas le temps de réfléchir, deux lames en argent percèrent la chair de mes épaules, explosèrent l'articulation des os et m'arracha un hurlement de douleur à l'état pure, enfouissant encore plus profondément la Natasia rationnelle, pour faire place à la Natasia bestiale dans toute sa splendeur. Ma chair fumait, cet enfoiré la tranchait sans aucune gêne et un cri rageur s'échappa de mes entrailles. La louve n'était pas contente, pas contente du tout. Ses yeux brillaient et elle hurla: « JE VAIS TE TUER VAMPIRE!!! » Elle se débattait, je me débattais, arrachant encore un peu plus ma chair, raclant mes os, souffrant un martyr encore inégalé jusqu'ici. « Soumets-toi, petite louve. » Je lui crachais à la figure alors que ses mains se perdirent entre mes cuisses trempées. Ses doigts s'immiscèrent en moi, puis ce fut lui, son membre, dans toute sa puissance, qui me prit ainsi…Je poussais un cri, une expression d'extase prit place sur mon visage. Tout s'éclipsait, la douleur, ma peau fumante sous l'action de l'argent…Tout volait en éclat! Je criais. « Soumet-toi ! » La douceur, al tendresse, tout cela était bien loin! Il plongea si profondément à l'intérieur de moi qu'il manqua de pulvériser ce qui l'empêchait d'aller trop loin. Je criais à nouveau, un peu de sang se mêla à ma substance claire et s'écoula tout autour de son membre. Je m'en fichais…C'était le cadet de mes soucis! Je voulais qu'il continue, surtout qu'il n'arrête pas…Cette douleur, ce plaisir, me permettait de reprendre le contrôle de la bête.

« Tu voulais être baisée comme une chienne, n’est-il pas ? Donc, tu es une chienne ! » En cet instant, je l'étais, oui. Un concentré d'instincts à l'état pur, et le loup était plus proche du chien que du chat…J'étais donc une chienne, en chaleur et enragée qui plus est. J'étais dangereuse, j'étais bonne à abattre, et s'il ne le faisait pas, s'il ne me calmait pas…Quelqu'un s'en chargerait. « Soumets-toi comme telle ! Soumets-toi à ton maître et calme-toi ! » Ma louve était obstinée, elle refusait de se soumettre à quiconque. Elle était sa propre maîtresse, personne ne pouvait lui dicter quoi faire. Personne! Personne n'avait le droit de la menacer, ma louve n'avait aucun maître…Ni Asher, ni Adam, aucun homme, aucune femme, ne pouvait la maîtriser. Durant une seconde, ma vue se brouilla et je vis des yeux rougeoyant dans la nuit. Quelqu'un y était presque parvenu, mais elle s'était rebellée avant de craquer. Je secouais la tête, non, personne n'avait jamais été si près, de ma mémoire du moins…Voir ces yeux me perturba assez pour reprendre un minimum d'esprit. Asher s'en donnait à cœur joie, à l'intérieur de mon corps. Si je n'avais pas été une louve, j'aurais mis des semaines à pouvoir remarcher! La corde en argent toujours autour de mon cou commençait à me brûler dangereusement, mais je m'en fichais, je ne faisais pas attention, tout comme les lames en argent. J'entourais la nuque du vampire de mes bras et enfonçais profondément mes ongles dans sa peau, avec tant de force que je touchais l'arrière de ses côtes. J'avais envie de les lui arracher! J'avais envie de les sucer jusqu'à la moelle…

« Ou je te tue. » Il me menaçait à présent? Mon regard s'enflamma. Pour qui se prenait-il exactement? Clac, mes ongles devinrent les griffes d'un loup et lacérèrent sa chair pendant qu'il continuait de me prendre comme une chienne au sens propre du terme. Alors que le sang ruisselait le long de son dos et de ses épaules et que je cherchais à le lécher, une émotion violente me traversa tout le corps une vague de chaleur si forte qu'elle me fit hurler. Je me cambrais si fort que j'en bousculais Asher, criais…Et me calmais. Je reprenais mes esprit, petit à petit. Je clignais des yeux, revenant à la réalité, regardant le carnage de la pièce…Je fronçais les sourcils. Je baissais les yeux, j'avais du sang plein les mains, mes griffes étaient sorties…Fièvre de sang souffla une voix dans ma tête. Oui, c'était ça…
Le vampire était toujours en moi, mais avait cessé de bouger. Il me semblait bizarre…Y avais-je été si fort ou y avait-il autre chose? « Asher…? » murmurais-je avant de croiser son regard. Si ma bête avait été calmée…La sienne en était loin. Les mains toujours dans son dos, je sentis la profondeur des plaies que je lui avais infligée, la douleur que cela devait procurer…
J'allais le sentir passer.

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« Je vais te tuer, vampire ! » Mmh. Visiblement, la louve n’appréciait pas mon petit jeu. Elle s’agitait et claquait des mâchoires, se débattait et montrait les crocs. En gros, elle m’énervait sérieusement. « Cesse de bouger ! » Vociférai-je en déchirant les chairs de son épaule. « Tu m’énerves ! » Difficile de la tenir en laisse et de la baiser en même temps !
Je ne m’imposais aucune limite. J’allais et venais en elle, sans me soucier de la brusquer ou de la blesser. Mes coups de hanches, de plus en plus violents, cognèrent contre le col d’une terre défendue, et provoquèrent quelque effusion de sang. Tant d’hémoglobine, tant de vie gâchée…mes sens disjonctèrent et un feulement m’échappa. La Bête ne tarderait plus à se montrer, à massacrer ma douce, à se venger de son insurrection.

Plus le temps passait, plus je peinais à la retenir. Elle répondait à la louve, sifflait et sortait ses griffes. Elle voulait lui sauter dessus, la mettre en pièce et la soumettre à sa volonté. Jusqu’à présent, personne n’y était parvenu. Qui sait, peut-être serai-je l’heureux élu ? En attendant, Natasia me titillait les côtes et menaçait de mes les arracher. Je grognai, manifestai mon mécontentement et lui flanquai un coup de hanches mémorables. Interdiction de me mutiler ! Et pourtant, ses ongles me charcutèrent, encore et encore. La douleur tiraillait le moindre de mes muscles, atteignait mes membres et m’affaiblissait. Je tins bon. Natasia se détendit, rendit les armes, et recouvrit ses esprits. Eh bien, j’ai failli attendre ! « Asher…? » Murmura-t-elle. La tête baissée, je crachais un peu de sang et ronflais. Les serres de la furie avaient percé mes organes respiratoires. Bravo !

Lentement, très lentement, je levai les yeux vers elle. Petit à petit, l’humanité quittait mon regard. Un sourire sanglant s’esquissait au coin de mes lèvres, et ma respiration sifflante se changeait en grondement menaçant. Remonte ton pantalon, imbécile ! Grommela une voix en moi. Je me retirai de Natasia et la gratifiai d’un regard noir. Elle me libéra de son emprise sans broncher. Ses ongles ripèrent contre mes côtes, entaillèrent mes poumons et m’arrachèrent un haut le cœur. Du sang à profusion ruissela le long de mon menton et se perdit sous mon costume. Je t’interdis de gémir ! Tu ne dois pas montrer ta souffrance ! Je me relevai et rajustai mon pantalon. Mmh, c’est mieux. Je pressai mes doigts contre mon front et remuai les lèvres. Retourne d’où tu viens ! Je n’ai pas besoin de ton « aide » ! La bête ricana. Ah bon ? Si je n’avais pas été là, cette chienne t’aurait déchiqueté ! Je tombai à genoux. « Laisse-moi tranquille ! » Criai-je à voix haute. « Va-t-en ! »

La Bête feula et saisit la cheville de Natasia. D’un coup sec, elle la traîna jusqu’à moi et lui saisit le cou. Son regard bestial croisa le sien. « Regarde-là ! Tourne le dos, et elle te trahira. Au moindre faux pas, elle te tuera ! Alors ne perds pas de temps, tue-là tout de suite ! » Je tournai vivement la tête. « Tais-toi ! Je ne t’écouterais pas ! » La Bête montra les crocs. De nouvelles gouttes de sang tachèrent les jolies joues de Natasia. « Pauvre fou ! Tu renies tes propres instincts, tes propres fondements ! Quel vampire fais-tu ?! » Je plissai les yeux. « Un vampire civilisé ! Dégage de ma tête ! » Elle siffla. « Non, jamais ! Je ne te laisserais plus t’humilier ainsi ! » « Je n’ai pas besoin de tes conseils ! Les derniers ont failli me couter la vie ! » « Tu es déjà mort, idiot ! » Je me pris la tête et hurlai. « Va-t-en ! Hors de ma tête, hors de mon esprit ! » Le haut de mon crâne rencontra le sol froid, et un frisson me parcourut l’échine. Je me concentrai au maximum et enchaînai ma Bête. « Tu ne dois pas prendre le contrôle ! » Je répétai cette phrase, cinq, dix fois d’affilée. Enfin, je m’écroulai, complètement inanimé. Silence. Et je rouvris les yeux. « Bordel de merde. »
Ouais, là, c’est bien moi.

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Prudente, je restais immobile. Aussi immobile que peut l'être une louve-garou. Le regard fixé sur mon vampire, je sentais, dans son aura et à l'odeur flottant dans la pièce, que quelque chose n'allait visiblement pas. Il venait de me prendre avec une violence inouïe, calmant ma bête grâce à un orgasme fulgurant, brutal et dévastateur. A présent, c'est lui, qui me semblait dévasté. Sourire sadique, regard noir, ce n'était plus mon vampire, c'était sa Bête. Et une image plus floue se superposa à celle d'Asher, sans que je ne parvienne à identifier la personne. Un vampire, bien sur, mais qui? Je fronçais les sourcils et secouais la tête. Ce n'était pas le moment d'avoir des flash-back! Je devais me concentrer, avoir l'œil braqué sur lui, sur sa bête, sur le moindre de ses mouvements. Et je devais surtout ôter mes mains de sa cage thoracique! Je clignais plusieurs fois des yeux avant de me faire traîner par la cheville jusqu'au monstre. Il m'étrangla, j'enfonçais mes ongles dans son poignet en tâchant de me libérer. Lâche moi connard, toi, tu n'as pas le droit de me toucher! Et ta bête le peut?! Crétine!

« Regarde-là ! Tourne le dos, et elle te trahira. Au moindre faux pas, elle te tuera ! Alors ne perds pas de temps, tue-là tout de suite ! » Quoi? Comment? Ce n'était pas la voix normale de mon vampire, elle était…Plus glaciale, plus terrifiante et ténébreux. Quelque chose se noua en moi. Je n'avais pas peur, mais je ne voulais pas en arriver à un combat à mort avec lui. J'aimais mon vampire, de tout mon cœur, j'en étais folle et je me tuerais plutôt que de devoir le tuer. Vie mêlée, il est moi…Le trahir? Jamais! Et tes amants? Zane? Clément? Aggelos? Tu l'as trahis tant de fois que tu t'en souviens à peine, traînée, putain, catin! hurlait ma conscience. Je me mordis la lèvre. D'accord, je l'avais peut-être trahi quelques fois au niveau sexuel…Mais nous n'étions pas encore fidèle à ce moment! Et de toute façon jamais je ne le tuerais, je préférais mourir! « Tais-toi ! Je ne t’écouterais pas ! » Asher, cette fois c'était lui! Il répliquait à sa bête, à sa terrible bête, prenait en quelque sorte ma défense en refusant de l'écouter. Je voulus l'encourager, mais je perdis du temps en grimaçant, sentant mon propre sang couler sur mes joues. « Pauvre fou ! Tu renies tes propres instincts, tes propres fondements ! Quel vampire fais-tu ?! » Un vrai vampire, un vampire moderne, voilà quel genre de vampire était Asher! Il ne s'était pas laissé dépasser comme tous les vieux vampires, non! Il avait évolué, il arrivait à vivre avec les humains sans pour autant faire semblant de les aimer, il pouvait les respecter et protégeait ceux qui étaient sous sa protection en tant que donneurs de sang ou autre. C'était un vrai vampire, un bon vampire, qui parfois pètait un peu les plombs. Mais ce n'était pas un vampire spécialement bien aidé par sa petite amie…Qui était plus une gêne et un problème ambulant qu'autre chose. « Un vampire civilisé ! Dégage de ma tête ! » Voilà, même lui le disait! Même lui le savait! Je souris, j'étais fière qu'il le reconnaisse. « Non, jamais ! Je ne te laisserais plus t’humilier ainsi ! » Va-t'en! « Je n’ai pas besoin de tes conseils ! Les derniers ont failli me coûter la vie ! » La vie? Que m'avait-il donc caché? Qu'avait-il fait pour risquer sa vie? Etait-il fou? Etait-il schizophrène? Etait-il…Qu'était-il? Un vampire…Un vampire fou…Qu'en savais-je! Mais en tous cas, il était le vampire que j'aimais, celui que j'adorais et peu importe ce que dirais cette bête. « Tu es déjà mort, idiot ! » Il se prit la tête et hurla. Je pus à nouveau respirer et voulus me diriger vers lui avant de m'arrêter nette.

« Va-t-en ! Hors de ma tête, hors de mon esprit ! » Il me semblait ) deux doigts de se taper la tête au mur, ou, à défaut, sur le sol glacé. Je le regardais, me mordillant la lèvre à cause du stress. C'était un tic nerveux…J'avais déclenché cette souffrance! On avait essayé de me tuer, j'avais vu le sang, et je n'avais plus rien contrôlé comme toujours! cria ma conscience. Ma conscience, tu parles! Je l'appelais ainsi, mais elle n'était pas vraiment ma conscience, c'était juste une petite voix au fond de ma tête…Peu importe. « Tu ne dois pas prendre le contrôle ! » Il le répétait, comme une lintanie, une prière à Lucifer pour que cesse sa souffrance. « Tu peux le faire… » murmurais-je, alors que ma propre bête, enfermée dans sa cage argentée, semblait avoir autant de facilité à sortir. Asher et moi avions le même genre de problèmes, et c'est sans doute pour ça que nous pouvions vivre l'un avec l'autre presque mieux qu'avec un membre de notre propre espèce. J'avais beau être une louve, ma situation était loin d'être facile, encore moins vivable. J'étais…Bizarre, beaucoup plus animale, beaucoup plus…Dérangée. Je n'avais, au fond, rien d'une louve. « Bordel de merde. » C'était bien lui. Je lui souris et m'approchais, mais ne le touchais pas. Je savais qu'un contact pourrait tout gâcher ses efforts et le faire replonger. Je devais lui donner quelques minutes. « Nous avons marié deux bêtes aussi incontrôlable l'une que l'autre…Ce genre de situation risque de se reproduire, encore, et encore. Plus nous avancerons dans le marquage et plus la faiblesse de l'un entraînera la faiblesse de l'autre. » Cela sonnerait peut-être comme un reproche à ses oreilles, mais c'était juste l'énoncé de faits établis. Que dire d'autres? « Et aucun ne peut aider son autre… » murmure fataliste. Nous étions condamnés à ces crises, et à les calmer ensemble. Jusqu'à ce que l'une aille un peu trop loins…« Mais il pourra se sacrifier par amour pour l'autre. » je lui souris, et posais ma main sur la sienne. Il devait avoir reprit assez de contenance.

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